
L’agriculture urbaine sait s’adapter à la crise sanitaire
avril 20, 2020Le Figaro du 18 avril a publié cet article sur l’agriculture urbaine face au Coronavirus. La conclusion est qu’à Strasbourg, aux Jardins de la Montagne Verte ou ailleurs dans les villes Françaises, l’agriculture urbaine a encore de beaux jours devant elle, malgré la situation actuelle.
L’agriculture urbaine bousculée par le coronavirus
De nombreux projets en cours d’achèvement ont été stoppés dans leur élan. Ceux en activité ont dû s’adapter aux circonstances.
Potager sur les toits, champignonnière dans les parkings ou jardin légumier au sein des établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad), l’agriculture urbaine, en plein essor, subit de plein fouet les règles de confinement liées au coronavirus. « Les professionnels de /’agri-culture urbaine se retrouvent plut6t dans une situation fragile ou qui 1xiurrait le devenir si la crise persiste cet été, note Anouck Barcat. prési-dente de l’Association française de l’agriculture urbaine professionnelle (Afaup), qui regroupe une grande partie des entreprises ou as-sociations du secteur.

Elle vient de réaliser une enquête qualitative, dont Le Figaro s’est procuré une copie, pour savoir comment ses adhérents traversaient cette période compliquée. « Les structures !es plus en difficultés sont celles qui ont dû stopper leurs activités, et surtout celles qui animenl de nombreux ateliers de fonnation et des événements lors des périodes printa-nière et estivale», poursuit Anouck Barcat. C’est le ca de la société Up-cycle, spécialisée dans les biodéchets. « Nous sommes alimentés par le marc de café des sièges des entre-prises que nous recyclons pour faire pousser nos champignons en région parisienne, à Saint-Nom-la-Bretèche, explique Arnaud Ulrich, res-ponsable d’Upcycle. Or ils sont fermés, nous avons donc stoppé cette activité tout comme celles concernant l’approvisionnement des compos-teurs des jardins partagés urbains dont la plupart sont fermés également à cause du confinement. »
De grands projets bien avancés ont été stoppés net dans leur élan à l’instar de celui baptisé Chapelle International, situé au nord de Paris, près de la porte de la Chapelle, sur le toit d’un entrepôt logistique de la Sogarir;. « Notre chantier est à 1′ arrêt, nous devions manier une serre high-tech de l 200 1111 chauffée par le data center des de Paris au sous-sol du bâtiment, pour faire pousser toute l’année des légumes de pleine terre, des plantes aromatiques et des fruits rouges », déplore Sarah Msika, présidente de Cultivate, la start-up en charge du projet. D’autres chantiers plus avancés ont vu leur inauguration retardée, comme au Parc des expositions, à Paris.
« Nous avons dû repousser d’avril à juin l’inauguration du plus grand potager au monde de fruits el légumes sur un toit, en l’occurrence celui du hall 6, indique Sophie Hardy, directrice du site géré par l’association Nature Urbaine. Pour l’instant, seuls les maraîchers travaillent sur le toit selon les règles de protection en vigueur, sur une surface de 4 500 ml, soit un tiers du projet à terme. lls ont mis en place des herbes aromatiques, des salades et des radis. La partie réservée aux 135 parcelles de 1 ml des particuliers est bien entendu fermée. Ce sont les maraîchers qui vont les planter suivant les desiderata de.r; clients. » Même chose au sein de la start-up Merci Raymond, qui gère une cinquantaine de sites d’agriculture urbaine. « Nous devions ouvrir un potager en pemaculture à Stains, en Seine-Saint-Denis, sur une par-celle de plusieurs milliers de mètres carrés, le projet a étê stoppé et la parcelle laissée en friche, déplore Hugo Meunier, cofondateur de la start-up. Nous intervenons aussi dans une douzaine de jardins potagers d’Ehpad ainsi que dans des cités, comme aux Mureaux dans les Yvelines, ou La Grande Borne, dans l’Essonne, mais nous ne pouvons plus y accéder : nous comptons sur les personnes sur place pour prendre le relais. »
Nouveaux débouchés
Toutefois, la structure légère et innovante de ces sociétés ou associations permet à certaines d’entre elles de trouver de nouveaux débouchés. Après la fermeture des bars-restaurants, qui représentaient 90 % de ses ventes, Nutreets, près de Nantes, a réorienté sa production auprès des particuliers. « En une nuit, nous avons créé un site internet dédié aux habitants de l’agglomération nantaise et au-delà, commente Guillaume Pelet, co-associé. Nous livrons désormais 100 paniers personnalisés par jour et avons dû recruter 3 salariés au chômage. Au bout de trois semaines, nous avons récupéré notre manque à gagner sur les bars restaurants. » « Ceux qui s’en sortent le mieux sont les structures déjà bien implantées qui commercialisent leurs récoltes, ainsi que quelques bureaux d’études qui poursuivent leurs activités en télétravail », résume Anouck Barcat.
« Notre bureau d’études, qui comprend une dizaine de salariés en télé-travail, est davantage sollicité en ce moment par les villes ou les entreprises sur des projets de biodiversité en milieu urbain, car ce sujet apparaît encore plus pertinent )) , confirme Frédéric Madre, cofondateur de Tapager. Une start-up qui exploite le potager sur le toit de l’Opéra Bastille, à Paris, et bientôt sur le siège de Boursorama, à Boulogne-Billancourt. Malgré cette mauvaise passe conjoncturelle, l’agriculture urbaine a donc encore un bel avenir devant elle !
Source : Le Figaro – 18 avril 2020 – Eric de la Chesnais #plumedeschamps